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18/12/2003

Amour passager ?

Un soir, elle me donna une enveloppe qu’elle me fit promettre d’ouvrir en son absence. C’était une enveloppe reconstituée avec du scotch et hermétiquement scellée. Sur l’endroit, ces quelques mots en son centre « Déclaration pour quelqu’1 qui s’appelle PATRICK. » puis plus bas, à la limite de la pliure et d’ailleurs en partie recouvert par le scotch de fermeture « Profite en j’écris jamais autant a quelqu’un ».

Cette dernière ligne me fait sourire par son ironie involontaire… 20 ans plus tard, je le lis encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore….

Surtout une phrase tirée du corps même de la lettre, un rajout ultérieur d’ailleurs car écrite au dos sur un des côtés pliés, comme si cela avait noté après coup…

amoureuse.jpg

Les mots « pour l’instant » ont été barrés. Le commentaire peut donner matière à deux interprétations. La première, flatteuse, est le rejet violent par de fermes rayures d’un sens contraire à l’expression souhaitée, l’accentuation d’une volonté de marquer la force du mot qui suit en soulignant son intemporalité.

La seconde, sous doute plus proche de la réalité, fait place à moins de volontarisme. Je pense qu’elle est plus proche de la réalité. Jeanne avait en général du mal à exprimer la force de ses sentiments. Ies mots amoureux ont été rares dans sa bouche et tout autant sous sa plume. L’expression de la temporalité est le replis instinctif sur une trop grande franchise. Mais si elle permettait de limiter la portée du mot « amoureuse », elle pouvait être mal comprise. Je crois que c’est pour cette raison que Jeanne s’est sur l’instant ravisée et qu’elle apporta la correction. D’ailleurs la suite du texte, est bien plus bas, prouvant que la correction suit naturellement cette phrase merveilleuse.

Une autre raison me fait pencher pour cette interprétation, est que si elle avait voulu me cacher le sens même de sa rature était de le faire afin qu’il soit impossible de reconnaître le moindre mot, ou encore de réécrire la lettre. Quoiqu’en écrivant ces mots, j’y vois une absurdité. Jeanne malgré sa retenue sentimentale a toujours été spontanée et franche. Elle ne se serait jamais permis de cacher la vérité première du premier jet.

Mais tout cela est de l’intellectualisme de pacotille. Cette lettre me bouleverse toujours. Et le mot amoureuse me fait mal. Mal. Mal, encore et toujours, après tant d’années. Jeanne, je crie en moi ton nom de toutes mes forces. Encore aujourd’hui

 

J’ai toujours cette lettre, toujours pliée sous son enveloppe de fortune, et que vais-je en faire. Est-ce bien raisonnable de la conserver. A quoi cela sert-il ? Pourquoi ressasser cette lecture éprouvante ? C’est pourtant plus fort que moi, j’aime l’avoir à portée de main, dans un dossier noyé parmi d’autres dans un tiroir de mon bureau…

18:55 Écrit par arsobispo dans Souvenirs... | Lien permanent | Commentaires (0)

22/09/2003

Fais-je encore partie de sa vie ?

Il m’arrive de m’interroger « Fais-je encore partie de sa vie ? »

Question naturelle dès lors que Jeanne est un élément important de mon existence et que nous avons sans doute vécu notre rencontre, l’un et l’autre, tout aussi intensément. Alors, n’est ce pas une question naturelle ? Suis-je un personnage de quelques unes de ses pensées, de ses rêves, comme elle peuple les miens ? Que se rappelle-t-elle de notre histoire. Quelles couleurs, odeurs et saveurs la rattachent à notre récit ? Je me doute que nos souvenirs divergent.

J’aimerai tant les confronter…

22:45 Écrit par arsobispo dans Souvenirs... | Lien permanent | Commentaires (0)

09/06/2003

Le plus beau prénom du Monde

Jeanne. D’écrire simplement son nom, me semble aujourd’hui irréel. Comment un simple prénom peut-il autant me toucher ? Me faire même souffrir.

A une époque je le soufflais entre mes lèvres et je suppose qu’il s’agissait alors d’un cri retenu de bonheur. Les seules fois ou j’eus vraiment à le prononcer, d’une voix normale, sans l’expression d’un trouble quelconque, fut lorsque je la demandais au téléphone. Si c’était elle qui me répondait, alors même l’intonation changeait et trahissait mon émotion. Le simple fait de la nommer pour capter son attention était une révélation de mes sentiments.

En présence de mon épouse, je le contenais, avec souffrance et difficulté. Un profond trouble accompagnait cette retenue que je cachais en simulant une douleur physique passagère.

Prénom désuet que je trouve maintenant si beau. Prénom auquel je souhaite toujours l’oubli. Comme si de le savoir caché protégeait celle qu’il nomme. Aucune autre Jeanne ne peut s’approprier ce prénom. Il lui est définitivement réservé.

Quelques jours avant la naissance de ma première petite fille, j’eus la prémonition que ses parents l’appelleraient Jeanne. J’en aurai été sans doute heureux si bien des années auparavant je n’avais avoué à mon épouse cet amour impossible. Aujourd’hui encore je sens bien que la blessure de cet aveu est toujours ouverte. La Jeanne de son sang pourrait-elle effacer celle de son dépit ? J’en doutais et j’appréhendais la naissance du bébé, espérant que le pressentiment de ce prénom ne fût qu’une chimère.

Non, je ne m’étais pas trompé.

Mon fils préféra heureusement une déclinaison anglaise, atténuant sans doute suffisamment l’impact sur la blessure encore ouverte de mon épouse. Peut-être même, n’a-t-elle jamais fait le rapprochement quelconque entre Jeanne et Janice. Je ne pense pas et je souhaite que cela soit ainsi.


10:34 Écrit par arsobispo dans Mes prémonitions | Lien permanent | Commentaires (0)

02/05/2003

Reprendre tes mots

 

 

 

 

Tu étais seule et tu en souffrais. Tu restais près de moi en m'écrivant des lettres, des cartes, des mots (rebus). De petits messages au gré du temps. Quelque fois gris, parfois ensoleillés.


J'en reprend un

…de toute façon mon mot il va encore arriver 15 plombes après la bataille… elle existe pas ta rue ou quoi ? Je voudrais te parler mais tu ne m’aides pas alors…je ne sais pas ??? Oui je sais, je ne sais pas grand chose. T'en as marre ou quoi ?   Est que je continue ? Stop ou encore ?


Aujourd'hui, peu de choses ont changé. Si ce n'est que c'est moi qui pourrais écrire ces mots, en employant presque les mêmes termes. Presque ! Je change juste « plombes » par « années », ta rue par ton adresse mail


18:39 Écrit par arsobispo dans mes envois, perdus | Lien permanent | Commentaires (0)

15/08/2002

Une blessure dont je souffre toujours

Pourquoi ai-je gardé ce mot de Jeanne ?
Une simple feuille de listing portant encore une trace de bannière générée par un job MVS.
Et c’est mots !


Salut ! Patrick !
Ouais c’est ton badge. C’était pas une surprise pour garçon !! Eh ! rien !!
A tout à l’heure.
Jeanne
PS : tu manges avec moi ce midi à Levallois
?


Je semais déjà à l’époque mes affaires un peu partout. Cette propension est liée directement à mon refus d’entrave. Tout objet le devient dès lors qu’on doit le trimballer toujours avec soi. Le badge est de ce point de vue le pire d’entre eux, car il contraint la liberté d’agir et de circuler. Saloperie !
Sinon, je ne comprends pas trop le reste. Beaucoup de sous entendus, liés sans doute au contexte, à quelques instants passés ensemble auparavant. Et toujours cette impression d’un regret caché, de déception inavouée.
Ce souvenir que me rappelle le post-scriptum. Levallois… L’appartement de sa mère… De nos étreintes étouffées dans une chambre jouxtant la salle à manger. De la gentillesse de sa mère qui nous préparait un déjeuner, avec un plaisir visible. De ma honte aussi, sachant qu’elle savait parfaitement que j’étais marié et père de famille. J’avais alors l’impression d’abuser ; de sa fille, de son domicile, de sa gentillesse…Aujourd’hui, je repense à ces moments avec nostalgie. Ils furent les seuls à me donner l’impression d’une intégration familiale que je n’aurai jamais connue avec Jeanne.
Cela aussi est une blessure dont je souffre encore.

Dans la série des petits mots sur papier listing qu’elle m’adressait, il y en a un que j’adore…

Untitled-4.jpg


Concis mais plein d’humour… Qui imaginerait une lettre d’amour ? Car, je n’en doute pas, il s’agit bien de cela.
Et je lis au centre du billet, derrière sa pudeur et sa réserve, ces mots

 

Untitled-1.jpg

18:44 Écrit par arsobispo dans Correspondances | Lien permanent | Commentaires (0)

18/04/2001

Un nid impossible

J’étais au cœur d’un cauchemar et je m’en rendais compte. J’avais comme une seconde conscience qui me signifiait que ce n’était qu’un mauvais rêve et rien de plus.

La seule chose de tangible était que tout cela n’était pas réel et qu’il n’y avait aucun avantage à continuer de le subir.

Cette soudaine prise de conscience de l’origine purement imaginative de cette histoire me réveillait aussitôt, anéantissait le cauchemar mais aussi l’espoir d’aller au delà du rêve.


Quand mes songes s‘appliquaient à Jeanne, il en fut ainsi souvent malgré l’atmosphère romantique et non effroyable qui les berçaient.

Il m’arrivait souvent de rêver à elle lors de notre liaison, et encore aujourd’hui, il est rare qu’elle ne vienne pas me visiter.

Chaque nuit, peut-être.

Je me souviens très bien que ces songes concernaient souvent des retrouvailles.


Bien des lieux ont cachés notre passion. Pourtant dans mes rêves, nous n’avions qu’un seul endroit de retrouvailles. Protection improbable de notre isolement voulu, il empruntait un chemin en dépit du bon sens. L’atteindre était une vraie sinécure. Il s’agissait d’une minuscule chambre sous les toits, très basse d’un plafond brisé par une charpente complexe. Quelques marches la désignaient comme l’ultime pièce d’une sorte de campanile clos. Son accès se cachait par une mince ouverture murale au couloir d’une autre bâtisse tout en longueur et abandonnée. Pour rejoindre cette ruine, il nous fallait franchir un terrain vague et hostile.


Je n’ai aucun autre souvenir d’un tel lieu que celui de mes rêves.

10:39 Écrit par arsobispo dans Mes rêves | Lien permanent | Commentaires (0)

29/02/2000

Salut !

Salut.jpg

J’avais passé des heures et des heures à découper toutes ces lettres pour en faire toujours le même mot, mais jamais aussi le même. Composer un bouquet de lettres. Pour toi. Et tout ce temps passé, était un long moment que je te consacrais, seul avec toi, uniquement à toi.

Depuis, j'écris ton prénom, sans cesse, en moi. Avec des lettres en pensées et décorées des milles lieux appréciés, sans toi, mais avec ta présence, cachée près de moi.

16:00 Écrit par arsobispo dans Correspondances | Lien permanent | Commentaires (0)

18/08/1999

Rencontre

Coincé entre 2 autocars. Le feu passe au vert ; Toutes une foule de 2 roues que je ne voyais pas, caché par les bus s’élancent devant moi. Je les rattrape petit à petit. Devant, comme semblant mener la charge, sur un scooter ridicule, une jeune femme. Arrivée à sa hauteur,  en pleine accélération, j’ai à peine le temps de la reconnaître. Dèjà, elle disparaît dans le flot de 2 roues qui noient à présent le bitume derrière moi.

Je déménage. Une nouvelle maison.

Ces rêves ontinuels. Sans vraiment de faits. Comme du quotidien.

Celui qui revient sans cesse. Celles de retrouvaille

11:05 Écrit par arsobispo dans Mes rêves | Lien permanent | Commentaires (0)

18/05/1999

Dans mon tiroir somnole ce mot...

Que j'ouvre précautionneusement, parfois, souvent... puis que je déplie et que je relie

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La branche de genet à perdu son parfum. La lettre l'a conservé. La fleur de genet a conservé sa couleur que réhausse celle de la lettre.
Jeanne me l'avait offert a son retour de Bretagne.
Je me rends compte que ce qu'elle ne me disait que rarement, elle l'écrivait...
Moi aussi je t'aime.

15:46 Écrit par arsobispo dans Correspondances | Lien permanent | Commentaires (0)

13/03/1999

Un jour de chance inouï

J'ai relu un de ses courriers écrit le 13 juin 1981 et adressé à la Rapetou, une société que j'avais créée avec mon meilleur ami d'alors. Les locaux étaient sis au 40 rue Perouzet à Argenteuil en bordure de Seine, dans un quartier qui avait vu peindre les impressionnistes et qui ressemblait dès lors à une friche industrielle. C'était une toute petite maison où nous avions eu beaucoup de mal à installer notre petite offset que l'on s'acharnait à faire tourner pour imprimer nos différentes publications ; des récits, des délires, des fanzines que l’on soutenait pour des raisons absconses. C’est d’ailleurs ce dernier aspect que allait être à l’origine d’une discorde stupide entre les deux meilleurs amis du monde mais néanmoins associés de la Rapetou Incorpored Production.  Un désaccord qui n’a toujours pas vu son dénouement.


Dans ce courrier une phrase :

Phrase.jpg

Notre premier baiser date donc du 13 mars 1981...

Il y a près de 30 ans...


Par curiosité, j’ai cherché à savoir de quel jour de la semaine il s’agissait. C’était un vendredi. Un vendredi 13. Je ne sais toujours pas aujourd’hui si je dois le qualifier de jour de chance ou non. Vu l’importance de ce fait sur une grande période ma vie, et le temps passé à ressasser cette relation, je serai tenté de répondre que ce fut un désastre. Mais au souvenir de l’intensité du bonheur qu’il m’a procuré, alors je décrète que ce fut un jour de chance inouï.

19:34 Écrit par arsobispo dans Correspondances | Lien permanent | Commentaires (0)