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08/08/1997

J'aime retrouver le pays voilé

J'aime retrouver le pays voilé.


Il est fait d'évidences en forme de sous-entendu.

De sourires volés et de non dit.

D'effleurements et de connivences.

Je m'y sens bien, il permet tout.

L'imaginaire et le rêve n'ont pas de frontière.

C'est donc sur la carte de ma vie une tache blanche aux bords gommés aux côtes supposées, le long d'un océan.

En son centre, un mot : INCONNU.

J'ai souvent envie d'y pénétrer.


J'aime retrouver le pays voilé.


Je ne sais ce qui me retient.

Je n'ai pas d'appréhension ni inquiétude...

Mais un voile ne se déchire pas.

Un rêve qui s'achève disparaît de notre conscience dans ce néant qui l'a pourtant apporté.

C'est cette image qui sans doute me retient.

Peut-il être perdu définitivement comme le rêve ?


J'aime retrouver le pays voilé.


L'excitation lorsque je longe ses frontières participe à cette vaine retenue.

C'est une lecture sensible d'un ouvrage aimé qui doit se découvrir par fine touche.

Une approche que l'on fait durer.

Un désir attendu que l'on prolonge.

N'y tenant plus, on s'y plonge.

Alors la grâce et le charme rejettent au-delà de l'existence la cacophonie furieuse de la réalité.

Ces quelques mots sur la page blanche ne sont rien mais peuvent tout.


Ils n'ont d'épaisseur que quelques gouttes d'encre mais occupent aussitôt le monde qui nous porte.

Fragiles eux aussi, ils disparaissent tout à coup dès le livre refermé, mais laissent une trace sensible dont on ne se dépare pas ; le regret de ne pas les avoir rejoint.


Elle m'a téléphoné et m'a laissé un message pour que je la rappelle. J'ai plus envie de la surprendre en allant la chercher. Ne lui disons rien !

Sur le chemin, je me demande (une fois de plus !) si je ne vais pas lui proposer d'aller plutôt ailleurs. Le long des vieilles rues qui longent Saint-Roch, les Tuileries où même les quais de la Seine. La page est fine ; ne vais-je pas la déchirer ainsi par tant de brusqueries ?

- Fais plutôt durer ce livre, tu l'aimes tant. - Eternellement ? Ca deviendrait lassant !


Questions vaines, son bureau est vide...

De dépit, je rejoins les autres... mais n'y tenant pas, cédant à la faiblesse toujours innocente, je l'appelle et chouette, elle répond avec son rire si rafraîchissant ;  elle accepte.


Le voyage peut reprendre. En fait une délicieuse dérive sans cesse renouvelée, au grès des vents qui soufflent près des côtes de ce pays du voile.

J'eus même droit à un palpitant coup de vent lorsque je surpris l'un de ses regards. Tout autre, profond, je fus certain qu'il contemplait la même chose que moi. Il faillit me faire chavirer...

Je regrette maintenant de ne pas m'y être plongé. Corps et âme.


C'est tout ce dont je me souviens.

Le livre s'est refermé sur cette image.

Le mot FIN n'y figurait pas, mais l'adieu final oui.

J'ai descendu quelques marches.

Elle se tenait droite, lumineuse, le long de la rambarde.

J'ai failli remonter pour lui déposer sur les lèvres un baiser.

Mais cette faiblesse (jamais innocente) m'a poussé vers le vide tant encombré de notre réalité.


Je lui ai seulement souhaité de bonnes vacances et surtout... de bonnes lectures.


Ne serait-ce que pour qu'elle oublie celle-ci.

19:38 Écrit par arsobispo dans Mes rêves | Lien permanent | Commentaires (0)

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