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11/09/1997

Une vengeance désastreuse

Antoine était au courant de notre liaison. Il est probable qu’il nous appréciait et décida de nous associer dans un projet. Las, notre rupture était récente. Un profond désarroi me fit hésiter avant d’accepter.  Je ne peux toujours pas comprendre les raisons de cette décision. Est-ce le fait de poursuivre un côtoiement au quotidien ? Un lien indissociable impossible à casser… Me faire mal ? Aller jusqu’au bout d’une souffrance et la tordre dans tous les sens afin de l’assécher ? Sans doute. Mon instinct trouvait ainsi le moyen de râper jusqu’au néant un sentiment d’amertume et une douleur encore trop vive… Que sais-je ?

Ce fut une époque de mal être persistant. Faire semblant, continuellement. Placer le travail en avant de ses préoccupations alors que je n’avais qu’un seul désir, prendre à bras le corps celle qui n’était désormais plus qu’une collègue et l’étreindre… Passionnément.

La regarder, jour après jour, comme si de rien n’était. Ne plus lui exprimer mon besoin d’elle. Contraindre ces bouffées d’attirance, ces brusques relents d’amour. Parfois, ma poitrine s’en trouvait si oppressée que je sortais du bureau et allait reprendre mon souffle dans les couloirs.

Je lui en ai voulu. Oh combien ! Elle semblait si forte. Notre histoire avait disparue de son regard. Une vague était morte sur le sable, remplacée par une autre, et une autre, effaçant tout trace en elle.

J’ai voulu lui faire mal. Pouvais-je aller au delà de cette prétendue sérénité ? Fouir au plus profond de cette quiétude inflexible ? Je me suis alors imaginé afficher une nouvelle liaison. La rendre jalouse ? Non, bien sûr. Mais afficher, moi aussi, l’oubli de la passion, oui, sans nul doute possible.

Est arrivée une jeune femme, aux formes pleines et engageantes, dont j’ai oublié le nom. Enjouée et rayonnante, elle possédait un regard lumineux et une bouche ourlée et humide. Elle travaillait dans le bureau voisin et passait régulièrement nous voir. Faisait-elle un numéro de charme ? J’étais persuadé de ne pas la laisser indifférente… Alors j’ai sauté le pas et, un soir, j’ai plongé dans ses bras. Ce fut un coït bestial, rapide et vengeur. Expérience désastreuse pour moi, et sans doute douloureuse pour elle. J’ai fuit son domicile. En remontant sur ma moto, j’emportais un sentiment de honte et de mépris pour moi-même. La jeune femme reléguée à un objet, qui ne méritait sans doute possible ce trait de vengeance. Et par-dessus tout, cette impression, ridicule et stupide, d’avoir entaché la magnifique relation perdue qui m’unissait encore à Jeanne.

Pardon suis-je encore tenté aujourd’hui de demander à toutes deux.

Blues toujours. Memphis Slim, chantait en octobre 1963, d’une voix chevrotante, « Every time, kiss me »  (Nervous man)…

 


18:42 Écrit par arsobispo dans Regrets | Lien permanent | Commentaires (0)

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