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11/09/2008

Un problème mathématique.


Je numérise tous les courriers que j’ai conservés de notre vie commune, si tant est qu’elle le fût… J’e me pose la question régulièrement de savoir ce que je dois en faire. Quand je les relis – assez souvent – cela me fait mal.

La lecture de tes lettres, de tes petits mots, de tes cartes me fait sentir à quel point je t’ai mal aimé. Mais aussi, que je me suis également mal aimé. Le devoir auquel me contraignait mes enfants a tué le respect que je te devais. Et que je me devais. Que je me blesse était inévitable. Quelque soit la solution qui se présentait. Alors, laquelle choisir ? D’un côté, toi. Et aussi, mon amour pour toi ; celui de ma vie. Aujourd’hui à l’approche de la soixantaine, je peux le dire… De l’autre, mes enfants et mon épouse. Le bon sens penchait bien évidemment pour le choix familial, question de pure mathématique. 4 contre 2, la question ne se pose pas. Pourtant, je ne me suis jamais résolu à l’envisager sérieusement. Cela engageait vraiment trop de chose en moi et m’y résoudre était un non sens de cette passion qui me faisait pleinement vivre. Je souffrais sans doute de cette situation, mais moins sans doute que les blessures qu’immanquablement cette séparation nous aurait portées.
Un jour, tu m’as blessé. Je ne te le reproche pas, c’était sans doute inévitable. Peut-on résister éternellement au manque provoqué par une absence régulière ?  Ce n’est pas une douleur brutale mais un mal être continuel, bien plus terrible et désastreux. Tes lettres sont toujours là pour l’exprimer. Elles le crient même avec force. Mais c’est seulement aujourd’hui que j’entends leurs appels. Alors, tu as tenté de t’en sortir. Un simple grain de sable, sans doute. Qu’était cette soirée sinon un échappatoire ? Ce qui m’a sans doute fait le plus souffrir, est cette prise de conscience du désarroi dans lequel tu te débattais. Je découvrais un autre aspect, bien plus terrible, à notre relation, la souffrance pernicieuse qui s’insinuait en toi et dont j’étais le seul responsable. Je l’ai bien compris. Et c’est cela qui m’a fait lâcher prise… je n’avais pas le droit de t‘infliger cela. De m’immiscer ainsi dans ta vie, dans ta jeunesse. D’être un obstacle. Je ne me décidais pas, d’accord, tant pis pour moi.
Je ne comprends toujours pas… et je persiste toujours à esquiver.
A l’approche de ma retraite, d’un retour vers mon épouse, d’un renfermement, j’ai peur… Ta disparition me devient intolérable. Et maintenant que mes enfants ont leur vie, que s’annonce l’inexorable fin, une question lancinante revient sans cesse. Ai-je manqué de respect envers tant de mes proches ? Qui suis-je pour avoir bafoué tant de sentiments ?

18:32 Écrit par arsobispo dans Regrets | Lien permanent | Commentaires (0)

11/09/1997

Une vengeance désastreuse

Antoine était au courant de notre liaison. Il est probable qu’il nous appréciait et décida de nous associer dans un projet. Las, notre rupture était récente. Un profond désarroi me fit hésiter avant d’accepter.  Je ne peux toujours pas comprendre les raisons de cette décision. Est-ce le fait de poursuivre un côtoiement au quotidien ? Un lien indissociable impossible à casser… Me faire mal ? Aller jusqu’au bout d’une souffrance et la tordre dans tous les sens afin de l’assécher ? Sans doute. Mon instinct trouvait ainsi le moyen de râper jusqu’au néant un sentiment d’amertume et une douleur encore trop vive… Que sais-je ?

Ce fut une époque de mal être persistant. Faire semblant, continuellement. Placer le travail en avant de ses préoccupations alors que je n’avais qu’un seul désir, prendre à bras le corps celle qui n’était désormais plus qu’une collègue et l’étreindre… Passionnément.

La regarder, jour après jour, comme si de rien n’était. Ne plus lui exprimer mon besoin d’elle. Contraindre ces bouffées d’attirance, ces brusques relents d’amour. Parfois, ma poitrine s’en trouvait si oppressée que je sortais du bureau et allait reprendre mon souffle dans les couloirs.

Je lui en ai voulu. Oh combien ! Elle semblait si forte. Notre histoire avait disparue de son regard. Une vague était morte sur le sable, remplacée par une autre, et une autre, effaçant tout trace en elle.

J’ai voulu lui faire mal. Pouvais-je aller au delà de cette prétendue sérénité ? Fouir au plus profond de cette quiétude inflexible ? Je me suis alors imaginé afficher une nouvelle liaison. La rendre jalouse ? Non, bien sûr. Mais afficher, moi aussi, l’oubli de la passion, oui, sans nul doute possible.

Est arrivée une jeune femme, aux formes pleines et engageantes, dont j’ai oublié le nom. Enjouée et rayonnante, elle possédait un regard lumineux et une bouche ourlée et humide. Elle travaillait dans le bureau voisin et passait régulièrement nous voir. Faisait-elle un numéro de charme ? J’étais persuadé de ne pas la laisser indifférente… Alors j’ai sauté le pas et, un soir, j’ai plongé dans ses bras. Ce fut un coït bestial, rapide et vengeur. Expérience désastreuse pour moi, et sans doute douloureuse pour elle. J’ai fuit son domicile. En remontant sur ma moto, j’emportais un sentiment de honte et de mépris pour moi-même. La jeune femme reléguée à un objet, qui ne méritait sans doute possible ce trait de vengeance. Et par-dessus tout, cette impression, ridicule et stupide, d’avoir entaché la magnifique relation perdue qui m’unissait encore à Jeanne.

Pardon suis-je encore tenté aujourd’hui de demander à toutes deux.

Blues toujours. Memphis Slim, chantait en octobre 1963, d’une voix chevrotante, « Every time, kiss me »  (Nervous man)…

 


18:42 Écrit par arsobispo dans Regrets | Lien permanent | Commentaires (0)