26/03/2009
Qui suis-je, encore ?
Il est fort probable que l’instinct qui nous pousse à agir et à entreprendre d’une façon inconsciente face aux évènements de la vie soit directement hérité de nos aïeux. Nous portons naturellement les gênes de nos parents, de nos grands parents et de tous nos ancêtres, au plus profond de nous-mêmes. Mais, en avons nous conscience ?
Mon existence quotidienne, quoiqu’il en soit, n’approche ces ascendants que rarement. Ma mère est la mieux représentée. Je visite plus rarement mes grands-pères. D’autres partenaires sont exceptionnels. Et lorsque ces rencontres ont lieu, c’est toujours lors d’un repli sur soi, moment de pure nostalgie, sans conséquence directe sur mes actes et mes résolutions. Bien qu’ils soient en moi, ils n’influent jamais sur mes gestes ou mes émotions.
Jeanne, bien qu’absente, est toujours là, blottie dans un coin de mon esprit ; reniflant les mêmes odeurs, visualisant les mêmes images, partageant mes saveurs. Il n’est pas rare qu’elle m’accompagne dans les longues marches qui m’apaisent. Compagne improvisée dans des dérives introspectives, hôte de mes conversations secrètes, sujet même de ce verbiage.
Celle qui vit, là-bas – si je sais où, je ne sais comment - n’est bien évidemment plus celle qui m’accompagne, celle qui partage mon existence, celle qui vit en moi …Celle qui, en partie, est devenue moi.
Désolé, chers défunts. Elle exerce plus d’influences que vos gènes...
19:33 Écrit par arsobispo dans Mes prémonitions | Lien permanent | Commentaires (0)
09/06/2003
Le plus beau prénom du Monde
Jeanne. D’écrire simplement son nom, me semble aujourd’hui irréel. Comment un simple prénom peut-il autant me toucher ? Me faire même souffrir.
A une époque je le soufflais entre mes lèvres et je suppose qu’il s’agissait alors d’un cri retenu de bonheur. Les seules fois ou j’eus vraiment à le prononcer, d’une voix normale, sans l’expression d’un trouble quelconque, fut lorsque je la demandais au téléphone. Si c’était elle qui me répondait, alors même l’intonation changeait et trahissait mon émotion. Le simple fait de la nommer pour capter son attention était une révélation de mes sentiments.
En présence de mon épouse, je le contenais, avec souffrance et difficulté. Un profond trouble accompagnait cette retenue que je cachais en simulant une douleur physique passagère.
Prénom désuet que je trouve maintenant si beau. Prénom auquel je souhaite toujours l’oubli. Comme si de le savoir caché protégeait celle qu’il nomme. Aucune autre Jeanne ne peut s’approprier ce prénom. Il lui est définitivement réservé.
Quelques jours avant la naissance de ma première petite fille, j’eus la prémonition que ses parents l’appelleraient Jeanne. J’en aurai été sans doute heureux si bien des années auparavant je n’avais avoué à mon épouse cet amour impossible. Aujourd’hui encore je sens bien que la blessure de cet aveu est toujours ouverte. La Jeanne de son sang pourrait-elle effacer celle de son dépit ? J’en doutais et j’appréhendais la naissance du bébé, espérant que le pressentiment de ce prénom ne fût qu’une chimère.
Non, je ne m’étais pas trompé.
Mon fils préféra heureusement une déclinaison anglaise, atténuant sans doute suffisamment l’impact sur la blessure encore ouverte de mon épouse. Peut-être même, n’a-t-elle jamais fait le rapprochement quelconque entre Jeanne et Janice. Je ne pense pas et je souhaite que cela soit ainsi.
10:34 Écrit par arsobispo dans Mes prémonitions | Lien permanent | Commentaires (0)